Je suis donc allée chez ma grand-mère en courant presque, de peur de l'avoir fait trop attendre. Mais c'est nous qui avons attendu sur son canapé que son copain Wen-tun finisse de donner son cours de tai-chi-chan. J'ai un peu regretté mon départ précipité et j'ai écouté les explications chinoises de ma grand-mère fan absolue de son chéri. Sachez-le : dans la vie tout n'est que poussé ou tiré, à vous de choisir!
Le lendemain, au salon, nous avons trainé. Avant, j'imaginais le salon du livre comme un grand marché, des stands alignés, des tréteaux sous des planches et des livres côte à côte, empilés proprement. Derrières les stands, j'imaginais des auteurs venus des quatre coins de la France, des rires, des cafés brûlants, des sandwichs, un auteur qui dit à son pote : Un petit tour au Mexique?
Pour cette raison, je tenais à y être, pour les rencontrer, me faire des copains en quelques sortes, parler écriture et création, pages blanches et trous noirs. J'imaginais le salon du livre avec un coin massage pour auteurs en détresse, j'avais même convié mon chéri ostéopathe pensant qu'il ferait des heureux.
J'exagère un peu... l'idée des massages m'a juste effleurée l'esprit, mais pour le reste, c'est bien ainsi que je voyais le salon, comme une grande foire du papier.
Quelle ne fut pas ma déception vendredi ! Toute gênée d'être là, seule avec mes idées effondrées et l'air ahuri de celle qui ne sait pas où poser ses bottes, je les ai quittés la tête basse, direction la place du livre où Olivier Adam parlait de romans adolescents. D'un coup, je n'étais plus seule : il avait l'air aussi mal à l'aise que moi derrière son micro et en comparaison, j'avais presque une allure de citadine! J'ai aimé ce qu'il a dit, précisant qu'il ne faisait quasiment pas de différence dans sa façon d'écrire un roman pour ado ou pour adulte, seul l'âge et la perception du narrateur différait, sa sensibilité aussi, plus à fleur de peau chez l'adolescent.
Tout l'après-midi, nous avons marché, déboussolés par les milliers de livres, d'auteurs seuls et tristes derrière leur table (le vendredi n'étant pas le meilleur jour apparemment pour les dédicaces), je n'osais pas croisé leur regard déçu, ni lire la quatrième de couverture, trop peur de les blesser en n'achetant pas leur livre.
J'ai croisé une copine libraire très à l'aise dans cet univers. Après une heure d'attente devant le stand de France Inter pour écouter l'émission « la librairie francophone », on a repris notre marche. Le matin même j'avais répondu à une interview pour confidentielles.com et rencontré Lutecewoman du blog du Glam-mum, puis j'avais traversé le 15ième à cause d'un bus embouteillé, et là, dans ce salon immense, les livres ne me parlaient plus. J'étais perdue, je pensais : Comment mon livre peut-il trouver sa place dans cette énormité? Quand j'ai aperçu le stand d'un site Internet, je me suis vue en terrain connu et à eux, j'ai osé parler de mon livre, mais le rédacteur en chef m'a vite calmée : il reçoit des milliers de romans, il est complètement dépassé...
Je reprenais juste ma marche, désabusée, les pieds en compote et le cœur à vif, quand une femme s'est approchée de moi. D'abord elle a toussoté (je n'ai vu que le geste, le son étant recouvert par la voix d'Emmanuel Khérad pour la librairie francophone) et, osant à peine me regarder dans les yeux, elle a presque crié : Puis-je me permettre? Sa gêne me plaisait, pour la première fois on me reconnaissait , et qui plus est, dans cette jungle. Je n'étais plus seule, je n'étais plus l'inconnue du salon, l'auteure désesperée, je comptais pour quelqu'un qui ferait oublier tous les autres. Peut-être était-elle blogueuse ou simplement lectrice anonyme, comment m'avait-elle connue, et reconnue malgré mes cheveux lâchés, était-elle journaliste, ou simplement passionnée, libraire, bibliothécaire?
Elle s'est approchée plus encore, je m'apprêtais à la remercier quand elle m'a dit, d'une voix tremblante d'excitation : Puis-je me permettre? (silence, soupir, gratitude, fébrilité, elle baisse les yeux puis la tête, inspire un grand coup) : Vos collants à fleurs sont magnifiques, où les avez-vous achetés?
La suite (mais oui Keisha!) au prochain épisode!
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- Maud Lethielleux
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lundi 16 mars 2009
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Tu nous distilles ça comme un vrai roman feuilleton ( ne le prend surtout pas péjorativement plutôt dans le sens où les romans étaient souvent publiés avant, d'abord dans un journal , par tranches ... comme ceux d' Alexandre Dumas , tu vois ... )et en bonne romancière , tu sais faire monter l' envie du chapitre suivant ! ;-)))))
RépondreSupprimerBah, oui, tiens: où les as-tu achetés au fait?!!! ;-D
RépondreSupprimerMais je ne le prends pas mal, au contraire! J'adorerai faire l'effet des feux de l'amour sur mes lecteurs!!!
RépondreSupprimerAnne, à Nantes, dans une petite rue quatier Bouffay, chez une black exubérante qui cache des collants entre les peruques. Je te donnerai l'adrese si tu veux.
Dis t'as pas une photo de ces collants?
RépondreSupprimerAh ces collants vont devenir célèbres! Attention Maud, certaines ont des chapeaux (une certaine AN) et après, plus moyen de changer de look! J'ai failli les photographier, ces collants, mais je n'ai pas osé (oui, les lecteurs aussi peuvent être timides)
RépondreSupprimertu es si réelle, je suis contente de te connaître et de te reconnaître ;)
RépondreSupprimerJ'étais loin d'imaginer qu'un auteur pouvait vivre le salon du livre de cette façon ! Merci pour ton billet passionnant (et très visuel- cf les collants à fleurs).
RépondreSupprimerla suite ... la suite ... le samedi please ..
RépondreSupprimerAh Maud super ce roman. Il est vrai que Paris c'est le hall de gare alors que chez moi le salon du livre c'est dans les vignes (enfin dans un chateau entouré de vignes) ou en pleine ville à Dijon mais dans le Palais des Etats.
RépondreSupprimerPlus je lis les compte rendus, plus je me dis qu'il faudrait un espace spécial pour les blogueurs qui veulent se retrouver "IRL" et inviter des "petits" auteurs à boire un coup avec des gateaux made at home et à discuter simplement, à les interviewer à notre manière, avec un massage en prime ! :) et loin de l'agitation anonyme d'un tel salon. Je vais y réfléchir tiens !
Prendre le temps de connaître et de se connaître !
Ce serait "le salon vous et nous en toute intimité" vous les auteurs et nous les blogueurs.
Très bonne idée Thaïs, tu peux m'inscrire sur la liste! J'en parlerai à Cypora Petitjean Cerf qui vit un peu la même chose au salon de Paris, je suis sûre que ça lui dirait. Tu nous tiens au courant?
RépondreSupprimerBen oui Sylire, c'est pas aussi évident et lisse qu'on pourrait l'imaginer. Et pour certains auteurs, je crois que c'est bien plus difficile encore.
Kaisha, au secours! Je n'y avais pas pensé! Bon : collants gris austère pour mes dédicaces de demain!
Aifelle, on y arrive... attention, atterissage!
Thanks for thiis blog post
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